Confiance pour construire

Etretat
Etretat

L’expérience prouve que celui qui n’a jamais eu confiance en personne ne sera jamais déçu.
(Léonard de Vinci)

Assez logique si l’on tient compte du décalage entre les inventions et l’époque à laquelle Léonard de Vinci les a produites.

Les choses ont-elles vraiment changé ? En France, quelle confiance accorde-t-on à ceux qui inventent ou innovent ? Il est tellement plus simple de se conforter dans la critique plutôt que de faire confiance et d’aider celui qui essaie de faire avancer les choses.

On retrouve ce défi de confiance dans tous les actes de la vie courante et on développe maintenant toutes sortes de solutions pour pallier au déficit chronique de confiance des hommes dans les objets et solutions qu’ils avaient créés.

La frustration collective générée par le manque de confiance se traduit par la perte individuelle de confiance et par le développement du doute à tous les niveaux de la société.
« Je ne peux avoir confiance dans ma classe politique. »
« Je ne peux faire confiance à mes responsables, à mes collègues. »
« Je ne peux avoir confiance dans l’avenir de la société. »
« Je ne peux avoir confiance en rien ni personne et je dois me protéger des dangers qui attaquent ce qu’il reste de nos démocraties et sociétés. »

La responsabilité collective n’est donc plus une réalité et les mécanismes sociaux mis en place, et qui font intervenir des chaines plus ou moins importantes d’acteurs, ne sont plus non plus sources de garantie pour quiconque. Ils sont devenus des obstacles au progrès.

L’ensemble des mécanismes politiques, économiques, sociaux et commerciaux sont donc en train de se désintermédier pour laisser la place à une société où chacun veut traiter individuellement les actes de son quotidien, en direct et avec l’intervenant final, qui lui apportera la réelle solution à sa demande.

La dé-hiérarchisation provoquée par l’innovation va s’infiltrer et se développer dans tous les modes d’organisation existants. Cela ne prendra que très peu de temps. Les changements sont déjà considérables et vont s’accélérer.

Les acteurs ont besoin de se libérer des directions et des organes de pouvoirs qui les ont asservis trop longtemps sans résultats. La technologie permet à chacun d’interagir avec ceux qui soutiennent les mêmes convictions. La disponibilité des moyens informatiques et de la connaissance n’est plus la panacée des élites, qui soit dit en passant, n’ont jamais vraiment été capables de s’en servir.

Les grandes entreprises ont atteint un seuil de non productivité alarmant. Chacun doit passer plus de temps à se justifier et à faire du reporting ou du mailing plutôt que d’inventer ou produire une quelconque valeur ajoutée.
Si l’on se concentre sur la sphère publique, la question est plus critique encore. Au-delà de l’inefficacité et de la sclérose des structures, les bases mêmes des services publics ont disparu. Les services publics sont devenus des administrations hostiles au public, à qui ils étaient censés, à l’origine, apporter des services.

Le développement anarchique et archaïque de lois et décrets, prenant pour cible, grâce aux impôts et aux contraintes innombrables, toutes les branches de la société, conduisent chaque individu à développer cette idée d’une impérieuse nécessité d’émancipation de ce corps social abîmé au fil des ans.

L’État protecteur est devenu l’État persécuteur pour beaucoup d’entre nous. La confiance n’existe plus.
L’explosion de la violence, sous toutes ses formes, dans les pays occidentaux, l’impuissance des politiques à faire respecter l’ordre et la simple sécurité finissent de dépeindre ce schéma qui va entrainer une disruption démocratique, sans doute plus puissante que les révoltes et révolutions sociales de ces derniers siècles.

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La société est en train d’essayer de se réinventer. Les initiatives se multiplient. Elles échappent déjà et échapperont de plus en plus aux circuits éculés des économies et organisations existantes.

Ces nouveaux schémas sociaux fédéreront des individus en communautés d’intérêts de manière transnationale et idéologique, dans lesquelles les vecteurs de base de regroupement seront sans doute très éloignés de ceux existants (argent, pouvoir, contrainte). Les réseaux sociaux plus ludiques qu’économiques vont maintenant se spécialiser et prendre un sens de plus en plus politique et économique.

Les individus veulent chasser toutes les perversions et déformations subies ces dernières décennies et revenir aux bases de la société démocratique, c’est à dire :
– La coopération entre les hommes
– Le partage des connaissances
– La vie de famille et l’amitié
– Le nécessaire pour vivre correctement sans craindre le lendemain
– Le rejet du superflu et du monde artificiel qui le développe
– Le rejet et l’élimination des extrémismes barbares

Les individus veulent juste retrouver la confiance en un lendemain à leur portée et sur lequel ils pourront influer directement.

Inventons et félicitons ceux qui s’y emploient, aidons-les, rejoignons ces communautés qui nous donneront l’occasion et la capacité d’oublier le monde stérile et violent d’où nous venons et où nous sommes plongés.
La disruption numérique est un phénomène plus social que technologique. La technologie numérique est sans doute pour la première fois, depuis le début de sa courte existence, au service de la société plus qu’à celui des pouvoirs ….