Qui gagnera demain : « politique ou leader »

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« Lorsque le terme leadership est utilisé pour qualifier des personnes, il fait référence à l’exercice du management des personnes et des opérations. Il désigne la dimension de manager nécessaire pour être reconnu comme un leader »…
(Y. d’Escatha Président du CNES)

« Le leadership commence par quelque chose d’inné, de profondément ancré dans la personne, on l’a dans le sang ou on ne l’a pas…
Le leadership est le produit d’une personnalité attachante associée à une force de conviction permettant d’entrainer les autres. »
(JF. Rial, PDG Voyageur du Monde)

Comme tout cela parait évident dès lors que l’on n’y mêle pas d’ingrédients politiques. Mais, nos grandes écoles produisent toujours plus de politiques. Si l’on observe les 100 plus grandes entreprises françaises, les politiques restent largement majoritaires dans les équipes dirigeantes.

A notre époque ou l’enseignement supérieur va devenir accessible à tous sur internet, via les MOOC par exemple, nos grandes écoles produisent encore des dirigeants à qui on explique qu’ils seront des élites politiques destinées à diriger le monde des grandes entreprises et du domaine civile.

Peut-on imaginer comment serait perçue la loi El Khomeri si elle avait été le fruit de quelques grands leaders et non pas le résultat d’une démarche de politique d’urgence ?

Les dirigeants politiques ont toujours été et restent éloignés des situations de management ou de l’exercice du rôle de leader. Cela ne leur permet plus d’être en mesure d’apporter une réponse audible dans la transformation totale de la vie économique et sociale engagée.

En France, on demeure avec des entreprises dotées de corps de direction pyramidaux, alors que la révolution numérique est basée sur le modèle des réseaux sociaux avec des modes collaboratifs et communautaires répondant d’avantage à des idéaux d’entreprises humanistes que capitalistes.

Les grands traits qui distinguent politique et leader :

Le politique :

Il contourne ou enterre toute transformation et changement dans un objectif de conservation et d’unicité du pouvoir.

Il se prend et s’annonce comme un réformateur mais très souvent transpire par son immobilisme.

Il est parmi tant d’autre un simple conservateur du temps passé et ne comprend pas ce qui est engagé aujourd’hui à l’échelle planétaire.

Il ne voit pas que les grands groupes, développant des chaines de valeurs verticales complètes, vont progressivement laisser la place à des myriades d’acteurs et de nouvelles entreprises qui vont les désintermédier.

A contrario, il traque la moindre lueur de transformation dans son périmètre d’activité, jour après jour, pour la réduire ou l’anéantir.

Il ne fait confiance à personne et personne ne lui fait confiance, tant pour progresser que pour transformer.

Il lui arrive de prôner l’innovation, pour laisser croire à de la modernité, mais aussitôt stérilise les premiers changements, de peur de ne pas pouvoir les maîtriser dans le temps.

Il ausculte les dossiers de ses collaborateurs, non pas pour développer leurs compétences, mais pour dénicher la faille qui lui permettrait si nécessaire de les faire tomber.

Il sait prendre son temps, il ne travaille pas, il calcule et combine ses scénarii jours et nuits.

Quand, il n’est pas à son bureau, il combine encore, dans les conseils régionaux ou municipaux.

Il demeure persuadé que l’accumulation de profits reste le seul modèle qui puisse exister et n’a pas vu que les nouvelles générations avaient d’autres buts plus sociaux et collectifs que la richesse financière.

Il parcourt le monde mais ne le voit pas. Son discours se limite aux hôtels 5 étoiles et aux personnes célèbres qu’il a approché.

Quand il trouve de quoi s’enrichir, « pour lui plus rien n’existe, il ne voit plus, n’entend plus, il est comme un autiste ».
(Merci Grand corps malade pour cette phrase.)

Il est comme tous les autres politiques : avide de pouvoirs et de richesses.

Le leader :

Quand on observe d’un peu plus près les entreprises où il fait bon vivre, on voit que 7 sur 10 sont dirigées par des femmes et des hommes qui ont gravi pas à pas les échelons.

De ce fait, il existe un respect mutuel entre leaders et salariés. Ils se connaissent en général très bien.

Ils ont appris à travailler ensemble, chacun respectant son rôle, avec des objectifs communs et partagés. Le leader naturel est celui que les équipes ont accepté indirectement pour prendre les reines et orienter la marche de l’entreprise.

Le leader fait confiance et ses équipes lui font confiance. Cela n’empêche pas une bonne productivité et des exigences fortes en termes de rythme de progression et d’innovation.
« La grande majorité des salariés sont particulièrement motivés lorsqu’un manager leur fait pleinement confiance et ils sont bien plus satisfaits et efficaces dans un environnement coopératif que compétitif ».
(J. Lecomte)

Le leader et ses salariés soulèvent chaque jour tous les indices ou sujets qui permettront de progresser et d’innover.

Il ausculte tous ses processus pour les adapter en permanence aux transformations. Rien n’est jamais acquis ni figé.

Il s’informe et intègre les transformations qui viennent avec l’ère du numérique. Il évalue, par exemple, les apports de l’impression 3D, ceux des objets connectés, ou encore ceux des crypto monnaies, etc…

Il engage et écoute les jeunes. Il organise son entreprise pour les faire coopérer, se développer et innover réellement.

Il ne chasse pas les salariés à partir de 45 ans, mais capitalise sur leurs connaissances et développe la transmission du savoir entre les générations de salariés.

Il résonne développement durable et bienêtre social, réellement et non politiquement.

Il a compris, depuis longtemps, qu’il ne lui fallait pas un état-major pour son entreprise, mais des cercles concentriques d’acteurs qui coopèrent et qui y trouvent un intérêt personnel à la bonne marche de l’entreprise.

Il a brisé les anciens codes, depuis longtemps, et il se sent respirer dans cette nouvelle ère post capitaliste qui est en train d’émerger. Il contribue à cette mise en relation directe de tous les acteurs économiques de la planète.

Il croit davantage à « l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme » comme le décrit Jeremy Rifkin, plus qu’aux théories du XXe siècle.

Alors lequel gagnera demain ?

A suivre…